Avant-propos : cet article a été réalisé dans le cadre du Challenge Data #6, une semaine de défi autour de la donnée, organisée par Datactivist pour les 4e années de Sciences Po St Germain en Laye en décembre 2023. Celui-ci a été réalisé en 5 jours (ce qui peut expliquer, dans certains cas, le manque de réponse de la part de certains acteurs mentionnés dans l’article). Pour en savoir plus sur la méthodologie mise à disposition des étudiants, vous pouvez y accéder via ce lien.
D’après le discours du Sultan émirati Ahmed Al-Jaber, président de la COP28, “la sortie des énergies fossiles est inévitable”. D’ici 2050, il s’agit de promouvoir la baisse de 83% de la production des énergies fossiles à l’échelle mondiale et d’atteindre l’objectif de la neutralité carbone. Dans cette logique, l’État français doit jongler entre ses engagements internationaux et la faisabilité de la transformation du bilan énergétique des collectivités.
Si la diversification des énergies renouvelables en mer est l’un des domaines technologiques prisé par l’Union Européenne, avec plus de 3,89Mds€ investi en R&D entre 2008 et 2019, l’Europe développe aujourd’hui plus de 66% des capacités mondiales d’énergies océanique, grâce aux investissements français et britanniques. S’inscrit ainsi dans le plan de la Commission Européenne de novembre 2020 (COM/2020/741 final) l’objectif de l’installation d’1GW d’énergies océaniques (hors éolien) d’ici 2030, puis de tendre vers 40GW installés d’ici 2050.
Les enjeux de l’énergie sur le territoire breton ne sont pas nouveaux ; la région connaissait déjà une contestation historique de la centrale nucléaire de Brennelis. Cependant si la consommation finale électrique bretonne reste stable avec une tendance à la baisse, elle présente encore une forte dépendance aux énergies fossiles (45%), ainsi qu’un manque d’autonomie. En effet, la production électrique bretonne permet de couvrir seulement 20% de sa consommation d’électricité. En l’absence de l’énergie nucléaire, la production bretonne doit saisir les nouveaux enjeux de résilience énergétique pour allier baisse de la consommation énergétique et augmentation de la production électrique.
En étudiant les cas de deux projets d’envergure, la centrale thermique de Landivisiau et le parc éolien en mer de Saint-Brieuc, nous mettrons en exergue la tension entre volonté d’implantation de projets renouvelables inscrits dans le SRADDET (schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires) de la région de la Bretagne et la nécessité de fournir (de manière autonome et résiliente) aux Bretons, une électricité quotidienne et pérenne.
L’objectif des politiques publiques nationales est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Introduite par la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte, la concrétisation de la Stratégie Nationale Bas-Carbone sera financée par 100 Mds€ issu du plan France Relance. La politique publique régionale bretonne, incarnée par le SRADDET, vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre avant 2040. Deux volets guident cette politique : une réduction des consommations de 35% en 2040 par rapport à 2015 et une hausse de la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique breton.
Selon le ministère de la transition écologique et la cohésion des territoires, “dans le mix énergétique, l'électricité que nous produisons et consommons est elle-même assurée par différentes sources d'énergie : nucléaire, énergies renouvelables et fossiles.” Or, le mix électrique breton n’inclut pas d’énergie nucléaire, bien qu’il se diversifie sous les effets des investissements publics et privés engagés dans le développement de nouveaux moyens de production. Ceci explique en partie la faible autonomie de la Bretagne.
La production électrique bretonne est donc portée majoritairement par son parc éolien et son parc thermique fossile, responsables à eux deux de près de 90% de la production totale d’électricité au mois de décembre 2022. Ils sont suivis par 31 installations hydrauliques, les bioénergies et le solaire.
La mise en place de la centrale à cycle combiné gaz de Landivisiau s’inscrit dans le projet de Pacte électrique breton de 2010. L’objectif est de sécuriser l’alimentation électrique de la Bretagne pour la rendre plus autonome. En effet, si l’on s’intéresse à la production annuelle du parc électrique, renouvelable et fossile, on observe une augmentation de 355 MW entre 2008 et 2020. Grâce à la centrale de Landivisiau, la puissance augmente singulièrement de 469 MW entre 2020 et 2022. Depuis fin 2021, la capacité de production d'électricité est passée d’une majorité éolienne, à une majorité thermique, ceci s’explique par l’installation de la centrale de Landivisiau. Depuis, les fluctuations saisonnières de production d’électricité ont été stabilisées par l’ouverture de celle-ci.